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Le “Syndrome” de l’imposteur

Je dédie cet article à toutes celles et ceux qui, ont déja eu le sentiment de ne pas mériter la place qu’ils occupent.

Je dédie cet article à toutes celles et ceux qui, une fois au moins dans leur vie, ont eu le sentiment de ne pas mériter la place qu’ils occupent.


“J’ai décroché mon alternance; c’est un hold-up !” ; je n’ai pas fait de longues études je n’aurai jamais la reconnaissance de mes pairs” ou bien “je n’ai pas les compétences, à quoi bon postuler ? ”.


Je vous souhaite la bienvenue dans le monde merveilleux des égos malmenés. Par peur d’être “démasquées”, les victimes se réfugient parfois dans un travail stakhanoviste. Elles veulent être parfaites, s’épuisent à la tâche, ce qui renforce leur sentiment d’incompétence versus les efforts qu’elles donnent. D’autres se découragent, sous-estimant leurs capacités et tombent dans la procrastination.


Explication et origine de ce syndrome, décryptage de deux exemples de profils d’imposteurs et quelques conseils pour mieux vivre avec ses masques. Pour autant, jouer au jeu de la vérité est-il si facile pour le commun des mortels ?


« A l’insu de mon plein gré : on m’aurait menti ?”


Le syndrome de l’imposteur n’est en fait pas un “syndrome” au sens médical du terme car il ne figure pas parmi les troubles mentaux que recense le Manuel de diagnostic et de statistique des troubles mentaux (DSM).


En 1978, les chercheuses Pauline Clance et Susanne Imes l’avaient d’ailleurs initialement appelé “le phénomène de l’imposteur”. Je préfère donc parler d’un phénomène mouvant car oui, le sentiment d’imposture peut être passager.


70 % des gens auraient déjà été touchés par ce syndrome au moins une fois dans leur vie, estiment les psychologues. Il apparaîtrait en particulier lors des périodes de transition : quand on se qualifie pour la première fois dans son domaine de compétence (premier diplôme, premier poste…) ; quand on démarre un nouveau cursus ou un nouveau cycle d’études ; quand on obtient une promotion importante.


Maintenant que nous avançons un peu moins à l’aveugle, intéressons-nous à son origine.


Côté Psychanalyse

Pour le réputé professeur et psychiatre Manfred Kets de Vries, un tel phénomène ne peut se lire qu’à travers la lumière de l’enfance car il s’agit là d’un dysfonctionnement construit lors de son apprentissage et de son développement : (je vous invite à lire son article publié dans le Harvard Business Review) .


Les personnes issues de familles dysfonctionnelles (où par ex l’importance est placée sur la réussite professionnelle et sociale) ou de milieux socio-économiques défavorisés (où les attentes sont très peu élevées en matière de réussite) sont plus sujettes à être envahies par ce phénomène.


Selon Manfred Kets de Vries, les personnes touchées viennent de familles qui valorisent beaucoup l’intelligence, avec des attentes élevées dans ce domaine. Les compétences « atypiques » (sociales, artistiques…) sont considérées comme moins importantes. Dans tous les cas, il y a un décalage qui va perturber la construction de l’estime de soi et la capacité à s’approprier sa réussite dès l’enfance.


La figure tutélaire de nos aînés serait donc un des facteurs originels de l’émergence du phénomène à l’âge adulte : respect et valorisation faibles des ressentis de l’enfant, surprotection qui l’empêche d’avoir conscience et confiance dans ses capacités intrinsèques, parentalisation de l’enfant qui se retrouve à s’occuper de ses parents ou prendre le rôle du père ou de la mère dans la fratrie.


Intéressons-nous désormais à deux typologies de profils d’imposteurs (dont j’ai inventé les noms pour une meilleure compréhension). Comment mieux vivre avec ses masques handicapants ?


Auto sabotage du Stakhanoviste


L’imposteur stakhanovistereçoit souvent des compliments de son N+1 et de son entourage mais il les refuse ou les dénigre. Ces nouveaux succès intensifient paradoxalement le sentiment de tromperie au lieu de l’aider à construire une perception positive de ses compétences. Inconsciemment ce qui se joue dans sa tête pourrait être : “En travaillant par succès je gomme mon sentiment d’illégitimité”.


▪️ Ne plus normaliser ses réussites :

S’entraîner à la gratitude en attribuant un ressenti positif à chaque réussite (même partielle). Puisqu’ils associent aux échecs des émotions négatives, il semble plutôt normal d’associer à une réussite un affect positif non ? C’est un équilibre à trouver et cela ne fera pas d‘eux des personnes prétentieuses.


▪️ S’attribuer des succès :

Ils oublient qu’une réussite est due à la fois à des causes externes (environnement, nature des tâches) et internes (capacités, compétences). Il pourrait convenir de lister tous les accomplissements et d’apprendre à identifier ses ressources et talents, cela les autorisant à s’attribuer plus rationnellement des succès.


▪ ️Se baser sur des faits :

Une réussite est un fait. Il suffit d’identifier chaque problème résolu en listant les différentes actions concrètes mises en place pour mieux associer ces actions à des trésors personnels, ressources propres, qualités ou forces.


▪ ️Abandonner le “tout ou rien“ :

Entre le blanc et le noir, il existe mille couleurs. Adopter une pensée nuancée en acceptant les réussites partielles, de 50% à 90%. Pour ce faire, sur une feuille, il est judicieux d’inscrire à gauche les critères (au minimum 5) d’une réussite totale (100%) pour une tâche donnée et, à droite, les critères opposés constituant un échec (0%). Se positionner sur chacun des critères entre 0% et 100% et en faire une moyenne permet d’être plus objectif avec soi-même.


▪ ️Relativiser la culpabilité :

Cette culpabilité peut provenir, d’une part, d’un dépassement du statut social et, d’autre part, d’un sentiment de non-mérite dû à l’enfance. Apprenez à adopter un discours bienveillant à votre égard comme vous le feriez pour votre BFF (Best Friend Forever).


▪️ Accepter les compliments :

En 3 étapes : 1/ dire “merci“ afin d’accuser réception du message ; 2/ assumer ses émotions (gêne ou malaise) ; 3/ verbaliser son avis (désaccord par ex). Respecter ces différentes étapes permet d’accepter les compliments en toute authenticité et simplicité.


Auto-sabotage du Procrastinateur


“L’imposteur procrastinateur” est une personne qui ne manque pas de temps mais qui repousse au lendemain ou sur-lendemain ce qu’il est censé faire le jour J; la nuance est capitale.


▪ ️Identifier ses pensées négatives :

La procrastination se base sur 3 catégories de pensées inhibitrices : le manque d’envie, la difficulté perçue de la tâche ou l’anxiété inhérente à sa réalisation ou à son résultat. Identifier à quelle catégorie appartient son monologue intérieur favorise l’adoption à une pensée plus ouverte.


▪️ Hiérarchiser et trouver son rythme :

Organiser ses tâches selon 2 axes : l’urgence et l’importance. Les tâches importantes et urgentes sont à réaliser au plus vite. Les tâches importantes mais non urgentes peuvent être planifiées. Les tâches non-importantes mais urgentes peuvent être déléguées.


▪️ Donner du sens :

Il est plus facile de s’engager dans une tâche lorsque nous lui donnons un but plus profond que sa simple réalisation. Transformer son monologue intérieur de “il faut…“ à “j’ai envie parce que…“ en ciblant les valeurs et besoins importants pour soi.


▪️ Avoir un objectif concret :

Il est important de formaliser de manière spécifique l’objectif à atteindre. Reconnaitre quand même qu’il existe une différence de taille entre “mieux manger“ (but vague) et “intégrer un fruit à chaque repas“ (but concret).


▪️ Se fixer un objectif modeste :

Ils se fixent tous des objectifs irréalisables. Or, il n’y a rien de tel pour abandonner. Se baser sur son expérience passée ou sur les réalisations de son entourage permet de se constituer des points de repère. Envisager des buts plus “modestes” permet tout simplement de se fixer des buts correspondant à la norme de la population.


▪️ Demander de l’aide :

Nous avons tous nos défis au quotidien. Certains sont visibles, d’autres non. Se débarrasser de sa croyance négative quant à la demande d’aide favorise un système de soutien. Pour les “imposteurs procrastinateurs“ qui présentent une peur accrue de l’échec, ils se donnent toutes les armes pour exhaucer leurs craintes à ne rien demander.

Désormais vous avez quelques pistes pour apprendre à mieux vivre. Pour autant, retirer le masque et jouer au jeu de la vérité est-il si facile pour le commun des mortels ?


Bas les masques !



Terminons sur une note positive : Ce n’est pas une maladie, il s’agit d’une perception négative de soi-même. Le plus souvent, on retrouve deux typologies de profils d’imposteurs (les “stakhanovistes” ou les “procrastinateurs”) mais il serait trop réducteur de ne penser qu’il n’y a que deux profils existants car il y a mille grilles de lectures et d’explications d’auto-sabotage.


Pour le surmonter, il faut retirer le masque et jouer le jeu de la vérité avec soi-même et ce n’est pas à la portée de tous car il faut être honnête et affronter son image dans le miroir. L’idée du non droit et du non mérite de tout ce qui est positif est une fausse croyance que souvent, la société, le cercle familial, ou n’importe qui faisant office d’autorité nous a inculquée tout au long de notre vie.


Reconstruire la confiance en soi passe par la réalisation d’objectifs gradués. Mais le “mythe de la perfection” à la dent dure. S’en défaire en accordant moins de poids à nos échecs et plus à nos succès serait le début d’une ré-estime de soi fondamentale selon le Doctorant en Psychologie Kévin Chassangre. Selon moi, accepter de faire un pas de coté solutionne beaucoup de choses car on ne cherche plus de validation d’un tiers et on travail ainsi sa singularité.

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