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Être bénévole écoutante

Je m’appelle Audrey, je suis bénévole écoutante chez Astrée

Je m’appelle Audrey, je suis bénévole écoutante chez Astrée et chaque semaine, j’apporte un lien chaleureux et toute mon attention pour rompre la solitude de plusieurs personnes en détresse. Autour de moi subsistent beaucoup de questions sur mon engagement et les ressources mobilisées pour faire face aux difficultés des anonymes qui dévoilent toutes leurs souffrances au bout du fil. Sous forme de questions-réponses, je vous livre mon témoignage.

Mon engagement

Aujourd’hui 22% des Français estiment la solitude comme étant un sujet très important (versus 16% en 2018) et n’osent pas en parler. Avec l’arrivée de l’épidémie qui n’a fait qu’accroître les problématiques psychologiques, j’ai décidé de bouger les lignes en tant que bénévole écoutante chez Astrée Bordeaux.

📣 “Existe-t’il un processus de recrutement pour être bénévole ?” Oui, et n’y rentre pas qui veut. Le processus de recrutement est un peu comme un parcours du combattant et à juste titre. Cinq grandes étapes permettent d’intégrer Astrée, une première prise de contact (lettre de motivation), un entretien de pré-formation avec un référent, un accès à la formation sur plusieurs jours, un entretien post-formation avec l’équipe représentante (tests /évaluation psy, retour sur la formation, discussion libre) puis ACTION !

📣 “ Comment fais-tu pour rentrer dans la vie intime d‘une personne ?” En ayant été formée par Astrée à l’écoute et l’accompagnement pour des personnes isolées en situation de fragilité personnelle ou sociale. Ma mission est d’écouter, soutenir et accompagner de façon individualisée et dans la durée une personne fragilisée par un coup dur de la vie. Je me rends disponible deux fois par semaine à raison de 2h d’écoute et j’accompagne des personnes d’âges divers et variés. Cet accompagnement est gratuit et basé sur les principes de la confidentialité.

📣 “Es-tu es une psychologue de substitution ?” Non, je ne suis pas la psychologue des personnes que j’accompagne. Par ailleurs, les personnes qui nous appellent sont souvent suivies par des psychothérapeutes/psychiatres en parallèle. Tous les bénévoles agissent avec une attitude de compréhension et d’approfondissement. L’écouté est en position de demande et l’écoutant en position d’accompagnement ce qui signifie qu’il n’y a pas de réciprocité entre eux. Par ailleurs, il faut aussi reconnaître ses propres limites et accepter que nous ne sommes pas là pour donner des réponses ou des solutions concrètes à la personne comme pourrait le faire un psy.

📣 “Quand c’est trop dur à gérer pour toi, comment fais-tu ?” Tout d’abord, je nage et je médite pour vider et mettre mon cerveau sur off. Lorsque des accompagnements sont trop durs “à encaisser”, j’en parle à mon superviseur Astrée qui est disponible et joignable n’importe quand dans la semaine. Nous avons aussi des ateliers de regroupements où tous les bénévoles de Bordeaux se retrouvent une fois par mois. C’est un moment de partage de difficultés rencontrées, de questionnements, de remise en question permanente et de mise en situation pour s’améliorer dans notre pratique.

📣 ”Comment se passe un premier appel ?” Je prends toujours contact en premier lieu par email pour proposer une date d’un premier échange téléphonique. Dès le premier rendez-vous, je pose le cadre de la relation et je fais en sorte de mettre la personne la plus à l’aise possible en instaurant un climat chaleureux. Pour les jeunes publics (≃ 30 ans) j’ai remarqué qu’il fallait souvent briser la glace en premier puis la personne se laisse aller et m’explique sa situation. Je fixe maximum une heure d’écoute à raison d‘une fois par semaine puis, nous reprenons rendez-vous pour la semaine suivante en coordonnant nos agendas respectifs.

📣 “Dans quelle situation te sens-tu le plus utile ?” Quand la personne pour la première fois libère quelque chose qui était bloqué depuis très longtemps en elle. Lorsqu‘elle s’abandonne et dit des choses extrêmement lourdes, intimes et douloureuses. Dans ce genre de moment je me dis : “elle vient de franchir une étape et j’étais là pour l’entendre et la soutenir. Si elle l’a fait une fois elle pourra le refaire”. Indépendamment du fait que mon engagement puisse susciter des interrogations, il n’en reste pas moins vrai que cette activité de bénévolat demande de mettre en place des outils solides et des ressources clés pour se rendre disposée et disponible à l’autre. Mobiliser ses ressources pour faire face aux difficultés des anonymes

💡L’entièreté de ma disponibilité Je me conditionne avant chaque appel de façon à ce que mon mental soit uniquement centré sur la personne. Je m’isole dans une pièce chez moi avec un thé, un carnet Moleskine et un stylo. Quand j’appelle, plus rien n’existe à côté. Mon conjoint le sait, je ne veux pas être dérangée durant ce moment.

💡Prendre en compte la réalité de la personne Il s’agit de mettre de côté ses avis et points de vues. Certes, je ne suis pas toujours d’accord avec la vision de la vie des anonymes pour autant, je me force à accueillir la personne comme elle est. J’essaye de percevoir ce que l’autre vit et j’essaye de comprendre ce qu’il pense. (C’est difficile et loin d’être inné !).

💡Accepter de ne pas conduire l’entretien Je ne cherche pas à guider l’échange, bien au contraire, je suis de près la personne dans ses propos réflexions et questions, tel un guide une épaule sur laquelle s’appuyer. Si l’écouté me confronte ou s’énerve je laisse faire et pars du principe que c’est la réalité de la personne et qu’elle n’est pas contre moi. Sa colère ne m’appartient pas.

💡L’importance des émotions et des sentiments Lorsque je ne vais pas bien j’ai besoin que l’on puisse m’écouter attentivement. Je ne veux pas que l’on minimise ma peine, je ne veux pas non plus que l’on me juge. Je souhaite que l’on reconnaisse pleinement mes émotions pour que je me sente reconnue dans ma réalité. Et bien en écoute, c’est pareil sauf que les rôles sont inversés !

💡Les mots et la communication non verbale Certaines études (Albert Mehrabian) avancent que 55 % de notre communication est non verbale (langage du corps), 38% para verbale (vocale) et 7% verbale. Cela veut dire qu’on ne communique pas qu’avec les mots. Alors comment faire par téléphone en ces temps de Covid19 ? Je me concentre le plus possible sur les intonations de la voix, les silences (qui en disent long), les tics de langage, les émotions perceptibles. Le phénomène d’isolement et de solitude est de grande ampleur. Pour aider à sortir les plus fragiles de cette spirale, il faut mener des actions multiples et, notamment, par un travail sur la confiance en soi, en l’autre et en l’avenir, car c’est ce qui créer l’ouverture aux autres et au monde.

Terminons en musique

C’est un enrichissement d’entendre ces personnes et je le dis souvent c’est comme un électrochoc à chaque fois que je raccroche. C’est une ouverture à l’autre qui permet de se rendre compte de son bonheur à soi. On apprend aussi à être moins directif avec les gens qui nous entourent et à chérir ceux que l’on aime. Face à cette crise sanitaire économique et sociale, plus que jamais l’enjeu est de taille. Pour ma part, j’ai choisi mon camp, celui d’accompagner ceux qui souffrent en tant que bénévole et d’en faire mon métier tout court. Je vous laisse en chanson avec une musique dédiée à toutes les associations qui changent le monde. En un mot ? SO-LI-DA-RI-TÉ !




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